Ginette Leclerc est née à Montmartre. Elle se marie très jeune à 17 ans avec un danseur de vingt ans son aîné, Lucien Le...
Ginette Leclerc est née à Montmartre. Elle se marie très jeune à 17 ans avec un danseur de vingt ans son aîné, Lucien Leclerc, dont elle divorce très vite mais conserve le patronyme. Attirée par la danse et le théâtre, elle se débrouille pour subsister en posant pour des cartes postales amoureuses et coquines, et en faisant de la figuration pour le cinéma. Elle est alors remarquée par Jacques Prévert qui décide de l’aider et de la conseiller. Puis, Claude Autant-Lara l’engage en 1933 pour son film Ciboulette. C’est un petit rôle certes, mais qui s’avère décisif pour sa carrière car il marque le début de propositions de plus en plus sérieuses. Elle confirme son talent dans L’Homme de nulle part de Pierre Chenal ainsi que dans Prison sans barreaux de Léonide Moguy où elle apparaît d’une perversité extrême. Après son triomphe dans La Femme du boulanger en 1938, elle témoigne d’une maturité émouvante dans le très beau Val d’Enfer de Maurice Tourneur en 1943. La même année, elle interprète son rôle le plus marquant dans Le Corbeau de Clouzot où elle est admirable d’émotion retenue de passion. À la Libération, elle se voit reprochée d’avoir tourné pour la Continental allemande : Le Corbeau fut en effet interdit sur les écrans jusqu’en 1947. Elle pâtit également des lourdes affaires de son compagnon d’alors, le triste acteur Lucien Gallas, et passe près d’une année en prison. En 1949, elle reprend le chemin des studios avec Un Homme marche dans la ville de Marcello Pagliero. Vingt ans plus tard, cette actrice de tant de vaudevilles finit par côtoyer l’avant-garde avec Goto, île d’amour de Borowczyk. En 1963, Ginette Leclerc publie son livre de mémoires intitulé Ma vie privée. Ginette Leclerc n’a sans doute pas atteint la notoriété de sa rivale Viviane Romance mais sa présence charismatique, sa liberté et son insolence lui assurent une durable singularité.